Notre « théâtre de papier stéréoscopique » expérimente un modèle permettant de limiter les désagréments liés à la dissociation imposée entre convergence et accommodation du regard dans le visionnage d’une image en 3 dimensions. Il réunit deux formats, à savoir l’anaglyphe (tel que celui obtenu par conversion 3D dans l’exemple: L’Enfer de Dante Alighieri: nouvelle conversion 3D d’une illustration de Gustave Doré) et une présentation de type pop-up (Carte Pop-up d’une gravure de Gustave Doré).
Dans le premier cas, la convergence du regard va amener notre cerveau à construire une représentation tridimensionnelle de la scène par fusion des vues filtrées, mais en rompant avec ce réflexe visuel naturellement associé qu’est l’accommodation (le focus) sur le point de convergence. Ce format d’images 3D ( comme la plupart de ceux qui sont les plus fréquemment exploités aujourd’hui) contraint la focalisation sur un plan unique, qu’est le plan de l’image (que cette dernière soit imprimée, visionnée sur un écran ou projetée)
Dans le deuxième exemple, la convergence reste synchronisée au focus lors du déplacement du regard sur les différents plans. La perception du relief reste cependant limitée à celle de plans uniformes distants les uns des autres.
Notre maquette papier d’un « théâtre stéréoscopique » tente de réassocier convergence et accommodation en proposant une perception tridimensionnelle étendue sur des plans physiquement distants.
Pour réaliser l’anaglyphe L’Enfer de Dante Alighieri: nouvelle conversion 3D d’une illustration de Gustave Doré, l’image a été décomposée en différentes parties présentées ci-dessous…
… qui ont été individuellement converties en 3D. Leur montage stéréoscopique va être effectué différemment pour cette nouvelle réalisation. Les anaglyphes ci-dessous devraient éclairer mon propos. L’image de gauche présente le premier plan tel qu’il apparait dans l’anaglyphe premier (les broussailles sont situées en retrait, derrière le plan image). Dans celle de droite, qui est son adaptation pour le théâtre de papier, la végétation est maintenant positionnée en jaillissement.
Lors du montage stéréoscopique, on réalise pour cela un chevauchement des couples stéréoscopiques sur les lignes de découpe intérieures.
Les photographies suivantes présentent notre théâtre de papier stéréoscopique après assemblage des différents éléments.
L’illusion de profondeur produite par notre théâtre de papier stéréoscopique s’étend à l’intérieur de son cadre physique en associant les volumes produits par chaque élément sur lequel le regard va se focaliser. Un problème va malheureusement se poser si vous tentez d’observer les images publiées ci-dessus avec des lunettes à anaglyphes: Le paradoxe de ce format qui tente de proposer une vision stéréoscopique se rapprochant de la vision naturelle, est qu’il se heurte à une difficulté majeure, à savoir l’impossibilité de restituer l’effet produit par le modèle, sur une image plane !… A l’écran, les différentes perceptions s’interpénètrent, rendant très confuse la profondeur de la scène.